🎭 OFF22 - Le jour où mon père m'a tué

Ce que j'aime au festival d'Avignon c'est la diversité des spectacles proposés aussi bien dans leur discipline que dans leur sujet ou encore leur provenance. Quand on entre dans un théâtre, on sait rarement ce qu'il nous attend vraiment. On est certes aiguillé par les pitchs ou encore quelques critiques mais nous n'avons pas de certitude quant aux minutes qui vont suivre l'ouverture de rideau : "est-ce que cela va me plaire ? Est-ce que je vais m'ennuyer ?" Lorsqu'on m'a proposé de découvrir "Le jour où mon père m'a tué", je m'étais faite une vague idée de ce que je pensais voir... mais il en a été tout autrement. 

 

Est-ce pour le mieux ? Est-ce pour le pire ? Il est temps d'entrer dans le vif du sujet. 

A l'aube de ses 18 ans, Roméo dit Black Bird décide de venir vivre chez son père pour la première fois et de le confronter au rôle qu'il n'a jamais assumé...Les deux hommes ne se comprennent pas. Ils s'affrontent. Le père animateur radio figure de la célébrité, tue le fils. Les médias s'emparent du drame et la population s'agite. 

 

"Le jour où mon père m'a tué" vu par l'Oeil de S 

 

En Guadeloupe, en 2013, un effroyable évènement s'est produit : une célébrité tue son fils. Magalie Solignat et Charlotte Boimare ont décidé de raconter cette histoire pour dénoncer notamment les travers de cette tragédie et le tumulte médiatique faussé par la notoriété de l'assassin. Tel un podcast vivant, nous assistons à ce récit qui entremêle enquête, flashback et dénonciations. Le texte est impeccablement ficelé et son écriture est truffée d'idées ingénieuses pour apporter une petite légèreté à ce drame tout en restant poignante. La mise en scène est également astucieuse, fluide et incroyablement dynamique permettant de tenir en haleine les spectateurs. Elle nous emporte totalement dans ce fait divers, pas si divers, qui donne à réfléchir. On ne va pas se mentir, on ressort chamboulé de la salle et nos émotions sont à vif. 

 

Sur scène, quatre comédiens (Tom Almodar, Alain Guillo, Magalie Solignat et Charlotte Boimare) défendent plusieurs personnages avec justesse et intensité. Aucune fausse note dans leur jeu qui propose de belles nuances pour installer intelligemment le drame tout en douceur et émotion. Entre deux gorges nouées et des poils dressés, des petits sourires se font même sentir au sein du public. 

 

En Bref. 

 

Encore une bien jolie découverte ! Entre ironie piquante et douloureuse réalité, cette pièce, menée par des comédiens remarquables, vous bouleversera par son propos grave et sensible. Je peux vous garantir que vous ne sortirez pas indemne de ce spectacle et que votre inconscience deviendra conscience, enfin espérons-le. 

 

A la Chapelle du Verbe Incarné tous les jours à 13h35 

(relâche les mercredis) 

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