👁️ Critique Théâtre - Un Homme Qui Dort
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Le froid s'installe sur la capitale et bien que l'envie de se prélasser devant un bon feu de cheminée soit présente, je vous conseille plutôt à aller vous réchauffer dans les théâtres ! Personnellement, je continue à vagabonder de l'un à l'autre en espérant tomber sur de nouvelles pépites. Cet été, j'avait découvert l'adaptation du roman de Maupassant « Une vie, la course au bonheur" par la compagnie les Âmes Libres que j'avais particulièrement aimée. Ainsi, il m'était impossible de passer à côté de leur nouvelle création " Un homme qui dort" de Georges Perec.
Le travail de ce collectif m'a-t-il une nouvelle fois bouleversée et transportée ? Je vous dis tout.
"Un homme qui dort" vu par l'Oeil de S
Je ne connaissais pas du tout le texte de Georges Perec et je dois dire que, bien qu'un peu facétieux, je l'ai trouvé très intéressant voir même déroutant. En effet, il décrit ce qui s'apparente à la dépression. Vous l'aurez donc compris, rien de bien joyeux aux premiers abords mais c'est là où réside tout le génie de la plume de Georges Perec: elle est bourrée de poésie ! Nous suivons donc pendant plus d'une heure ce monologue aussi lourd de sens qu'intense avec un engouement palpable. Une délicieuse schizophrénie s'installe sur scène à travers une mise en scène d'une efficacité redoutable. Cette dernière est d'une inventivité remarquable pour capter notre attention, tout en laissant en permanence une place à notre imaginaire: Qui est cette femme ? Simple narratrice ? Reflet des pensées qui se chamboulent dans la tête de cet étudiant ? Ou encore conscience à la Jiminy Cricket ? La réalité est que chaque spectateur peut y aller de son interprétation. La scénographie est également pleine de subtilités pour nous plonger dans cet univers jonglant entre rêverie et réalité.
Deux comédiens sont sur scène pour défendre cette histoire. Le texte complexe nous est livré par Véronique Boutonnet. Elle réalise l'exercice du monologue avec une fougue et une justesse admirable ! Son jeu est parfaitement nuancé, à la fois complaisant, autoritaire, frénétique et bienveillant pour offrir un bel ascenseur émotionnel ! A ses côtés, Richard Arselin est "l'homme qui dort". Sa performance muette est d'une nonchalance pertinente et percutante ! Le duo fonctionne très bien et on sent une réelle écoute entre les deux comédiens.
En Bref.
Malgré un léger bémol quant au rythme, j'ai passé un très bon moment. J'ai eu au départ un peu de mal à comprendre où j'étais et où on essayait de m'emmener. Toutefois de fil en aiguille, le texte de Georges Perec s'est ouvert à moi, notamment grâce aux interprétations rondement menées et ciselées des comédiens et à la mise en scène aussi éclectique qu'ingénieuse. Une pièce de théâtre semblant sortir tout droit d'une autre galaxie qui, je n'en doute pas, comblera plus d'un(e) d'entre vous !
Actuellement au Théâtre de Essaïon les jeudis à 19h